La campagne est encore endormie sous une mousseline de brûme. Même le soleil est paresseux ce matin. Du haut du Bastberg, les formes et les couleurs ne sont pas encore définies. On ne peut guère imaginer que la terre sur laquelle je pose mes pieds était le fond d'une mer peu profonde aux eaux chaudes ! Peu à peu, le sentier géologique dévoile ses chorten. Des pierres empilées et incrustées de fossiles lacustres racontent une longue histoire. Il faut prendre son temps pour l'écouter.
L'automne changera doucement la couleur du feuillage du tilleul de Goethe. Un arbre planté en 1849 pour commémorer le centenaire de la naissance de Johann Wolfgang Goethe qui, en 1770, avait visité Bouxwiller et sa région. Pour la petite histoire, le grand homme de lettres, alors qu'il était étudiant à Strasbourg, tombera amoureux de la fille du pasteur de Sessenheim, mais finalement en choisira une autre pour épouse...
Bouxwiller est donc devenue célèbre par la découverte de remarquables fossiles. La mer ayant fini par se retirer ne laissant derrière elle qu'un lac qui se dessèche lentement. Les carrières sont devenues une curiosité mondiale pour les géologues et sont toujours accessible.
Dans la petite ville romantique, les puissants comtes de Hanau-Lichtenberg avaient fait construire un vaste château autour duquel furent aménagés des jardins magnifiques et une orangerie (le parc de l'Orangerie de Strasbourg emprunte son nom à ces jardins !) Goethe lui-même était d'un enthousiasme débordant lorsqu'il évoquait ces lieux...
Carte IGN : 3714 ET
Lever de soleil au Bastberg.
Quelques trainées de brûmes stagnent dans les campagnes...
Même l'astre du jour n'est pas décidé à se lever...
Soudain, la lumière change...
...Colorant la campagne.
Premières lueurs sur un chorten.
La lumière redevient banale...
Toile de maître...
Le tilleul de Goethe. Un jour en se promenant au Bastberg, Goethe avait écrit :
"Cette cime formée entièrement de coquillages attira pour la première fois mon attention sur ces documents des temps préhistoriques. Je ne les avais jamais vus réunis en quantités semblables. Mais mon regard avide et curieux fut bientôt absorbé uniquement par la vue..."
La colline a inspiré de nombreux poêtes, dont Marie HART :
On s'avance sur la prairie moelleuse,
Tout doucement en remontant la pente.
De nombreux rosiers sauvages
Sortent leurs branches
Et nous retardent.
Et la campagne est là, grâcieuse à souhait
Telle une belle peinture.
Sur la pente, des vignes poussent
Et à côté, des chataigners
Car l'air est chaud et doux.
Tout en haut, au pied du tilleul,
Se trouve un banc.
N'étions nous pas souvent assis là
Et avons oublié tout chagrin
Ou n'est-ce qu'un rêve ?
Posé sur le rebord du Bastberg, le clocher roman trapu de l'église catholique servait probablement de donjon au moyen-âge. Une légende prétend que juste à côté du sanctuaire existait une commanderie de chevaliers de l'ordre du Temple ! De nos jours, cette légende fascine encore les chercheurs... Ce qui est cetain, ce sont les carrières de fossiles se trouvant à gauche, dans les sous-bois.
Un bas-relief nous rappelle que tout n'est qu'une question de temps...
A l'angle de la rue du Canal, la demeure d'un haut fonctionnaire du comté (1598). Au fond, le clocher de l'église St Léger, aussi appellée "Niederkirche"
Maisons à colombages à Bouxwiller, capitale du pays de Hanau.
La Liesel de Bouxwiller.
Au n°2 de la rue de l'Eglise, une curieuse demeure que l'on surnomme parfois "la Maison de l'Aztèque". C'est une élégante et haute construction en colombage, réhaussée de sculptures qui n'ont pas leur pareil dans le secteur...
En 1669, des vendeurs de biens entraient en relation avec le comte de Hanau-Lichtenberg. Ces hommes d'affaires proposaient au comte d'acheter les "Indes hanovriennes", un territoire situé en Amérique du Sud qu'on pourrait localiser près de la Guyane. Le comte se prit au jeu. Mais voilà, l'affaire s'ébruita et la famille s'inquiéta. Avant que le comte ne dilapide sa fortune, sa famille réussit à bloquer la transaction. C'est ainsi que l'Amérique du Sud n'est pas devenue le royaume d'un comte à moitié Alsacien ! Du coup, seule nous reste cette demeure à admirer et qui remet en mémoire cette incroyable histoire !
Sur le poteau d'angle de la remarquable maison de style auriculaire (Renaissance Allemande), un fier conquistador monte la garde !
Les oriels fleurissent sur les maisons paysannes.
La maison du marché au grain date de 1636. L'entrée est en galets du Bastberg.
Les constructeurs avaient certainement oublié le cordeau sur un autre chantier...
Coq et grappe de raisins, grandeurs et fierté d'un temps révolu...
Des façades richement décorées sur l'artère principale.
oie-là, c'est fini, à bientôt !